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11 février 2012 6 11 /02 /février /2012 23:28

ELLES

Malgorzata Szumowska

 

3 étoiles

 

EN BREF:

Un film percutant, à la mise en scène travaillée et marquante. Le scénario, s'il manque certainement de liant, est bien loin de manquer de force. Quant à Juliette Binoche, qui tient le film, elle est d'une rigueur à couper le souffle.

 

elles-2.jpg

 

Elles, ce sont d'abord deux étudiantes, Charlotte et Alicja, jeunes prostituées à leurs heures. Anne, journaliste de son métier, écrit sur ces deux jeunes femmes, qui bousculent peu à peu la vie entière de cette quarantenaire bien installée. Sur un terrain glissant, l'enquête suit son cours, sans cesse sur un fil très ténu. La cinéaste fait s'imbriquer trois manières de filmer: les plans dans l'appartement de la journaliste, très clairs, souvent avec pour seul personnage Anne; les séquences dans une chambre avec Alicja, à l'ambiance très feutrée; des plans en extérieur avec Charlotte, aux tonalités assez solaires. On a ainsi une superposition d'histoires, et on voit mal comment la réalisatrice parviendra à faire tenir son film sur la longueur. On a rapidement la réponse: par un point de vue assez passionnant sur ses personnages, par un retournement constant et assez salutaire d'idées reçues. Ces jeunes femmes sont délibérément libres, modernes. Elles choisissent leurs clients, ne se font rien imposer, quand bien même elles doivent mentir à leur entourage. Le film raconte la liberté de ces deux "étudiantes hors du commun", comme le souligne l'affiche, sans cacher la honte et l'humiliation, parfois, qu'elles peuvent ressentir. Il est complexe, et il faut parfois avoir le coeur bien accroché (scènes très hard de pisse et de bouteille). Passé le côté voyeuriste, on note des scènes de sexe filmées parfois avec pudeur, parfois de manière violente, et quelquefois non sans une certaine absurdité (on pensera à cette assez cocasse scène de chanson après l'acte, nus sur un lit).

 

Une prise de conscience douloureuse que l'on ressent de manière tranchante dans l'interprétation de Juliette Binoche, dont l'errance (...) nous touche profondément. Une errance que la cinéaste, Malgoska Szunowska, filme avec une délicate rudesse.

Excessif


Un film bien d'aujourd'hui, tracassé entre la rudesse et la profondeur d'une réalité et la rapidité non moins violente de l'information. Ce personnage de journaliste, que campe brillament Juliette Binoche, opère une synthèse édifiante entre les deux, elle qui va voir sa vie et ses idées bouleversées par sa rencontre avec ces deux jeunes femmes. C'est à elle que l'on s'identifie, elle qui vit physiquement son article. Après une nuit blanche passée à écrire, elle se tire les cheveux, s'en prend à tout ce qui bouge, et, fatiguée, n'a plus de prise sur rien. Son fils sèche les cours, son mari est absent. Et elle doit composer entre tout ça. Rendre des comptes à son patron rapidement. Binoche effectue ces actions avec beaucoup de rigueur, entrant parfois dans une sorte de détachement par rapport à ses gestes et pensées. La manière dont elle est filmée est révélatrice d'un vrai point de vue. Dans cet appartement, dans lequel on ne parvient pas à se faire de vrai repère, elle est enfermée dans un carcan rigide, qu'elle-même s'est forgée. Tout la presse à en sortir, mais elle reste là, engoncée dans ses certitudes. Aussi cette enquête sur la prostitution agit comme une respiration.

 

la réalisatrice polonaise Malgoska Szumowska s'attaque au sujet rebattu de la prostitution avec un aplomb étonnant. (...) Par sa manière de filmer, la réalisatrice retrouve l'intensité du cinéma " en prise directe ".

Télérama

 

Deux rencontres complexes au départ, puis très rapidement fluides. On se rappellera en souriant de ce repas que la journaliste partage avec Alicja (Joanna Kulig, dont on sent le rapport particulier qu'elle a du entretenir avec Binoche sur le plateau, tant son magnétisme est troublant), et de ces fous rires, cette ivresse passagère provoquée par un trouble (dû en partie à l'alcool, mais aussi à la vision de cette jeune femme sensuelle et attirante). On se rappellera aussi, avec plus d'émotion, de cette très simple discussion entre la journaliste et Charlotte (Anaïs Demoustier, parfaite), qui se conclut comme elle a commencée: très naturellement. Elles parlent de rapport au corps, la journaliste le prend pour elle, et réfléchit sur le sien, elle qui est maladroite, dont le corps n'a plus de prise non plus sur le reste. Elle redécouvre le plaisir, se recrée une envie de désir, et va tenter de sortir de ce confort qui l'étouffe. Peu à peu, et ce sera cristallisé dans cette assez géniale scène de dîner, elle se permettra l'oubli, à travers la musique classique, à travers une ivresse qu'elle s'était interdite de longues années en ne buvant plus, à travers une fuite aussi impromptue que belle, autant troublante qu'insensée. A l'image du film...

 

elles.jpg

 

68%.

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