CARANCHO
Pablo Trapero
EN BREF:
Un thriller peu intéressant, parce que trop prévisible. Ca ne prend que rarement, dans de rares instants, pour mener, dans un tourbillon de violences de plus en plus dur, à un inéluctable final, poussif. Les acteurs donnent pourtant beaucoup de sincérité au film, mais on n'y croit pas.
Ouf! Quand on sort du film, c'est le soulagement, après 1h45 interminable, à cause d'un scénario qui s'étire, qui s'étire, qui s'étire. Et d'une attention qui descend, qui descend, qui descend. Pourtant, j'étais parti avec un apriori neutre, je ne m'attendais pas à grand chose, le genre n'étant pas mon genre de prédilection par excellence, et en même temps ç'aurait pu être poignant. Je ne suis pas rentré dedans une seconde malgré le réalisme poussé du film, dont certains aspects relèvent quasiment du documentaire. Un carancho est un rapace, un arnaqueur à l'assurance, qui profite du malheur des autres pour s'enrichir. Le carancho du film aide certaines personnes à s'automutiler pour bénéficier de l'argent de l'assurance, et ainsi faire profiter le vautour, le blessé, bref une économie qui tourne, grâce, nous dit-on, au nombre important d'accidents routiers en Argentine, et dans le film dans un quartier particulièrement glauque de Buenos Aires. Vu d'ici, sérieusement, je n'ai pas grand chose à faire des assurances argentines, et le sujet n'est pas très intéressant. Le film est hyperviolent, et au réalisme très poussé, rien que pour exacerber davantage l'effet de violence, et donc le spectateur est censé s'en prendre plein la gueule. Sauf qu'il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Les premières scènes sont très prometteuses, on rentre dedans, pour en ressortir assez vite et prendre du recul (je détourne souvent les yeux devant ce genre de film). L'acteur (Ricardo Darin, vu dans Dans ses yeux) est impressionnant, on se prend au jeu. L'actrice qu'il rencontre (Martina Guzman), à un charme évident, on a envie de voir la suite. Et puis, sans même qu'on se rende compte, on finit par oublier le fil conducteur, caché sous des tonnes de violences très poussées, des tas de personnages qui arrivent et repartent de partout (faut suivre la galerie de personnages quand même...).
Le film vaut pour l'âpre plongée nocturne qu'il offre, mais souffre sur la fin d'un empilement de rebondissements peu crédibles.
La Croix
Le film se termine sans qu'on ait pour lui le moindre intérêt, puisqu'on devine dès les premières complications du couple la fin tragique et inéluctable. Le seul suspense du film réside, pour les spectateurs comme moi, dans l'attente de savoir si oui ou non le réalisateur va céder à la fin classique d'un polar noir de ce genre. Le problème du film, c'est sa propension à mettre de la merde partout: elle se drogue pour tenir la cadence de ses heures de garde, il est au bout du rouleau et veut faire des derniers coups pour amasser de l'argent et pouvoir fuir avec elle. A force d'en rajouter, le film finit par ressembler à une vaste surenchère, qui ne permet pas au film d'être crédible. Le réalisateur, avec son utilisation assez outrée de la violence, semble vouloir combler les trous, ceux-là même qu'il n'a pas réussi à faire disparaître avec de la matière morbide et malsaine. Subsistent dans le film, tout de même, et heureusement qu'ils sont là, des moments assez délicats, et empreints d'une sincérité assez forte, des moments d'amour impossible et éternel à la fois. Aussi fragiles qu'une fleur dans un terrible incendies, ces moments sauvent très (trop) partiellement le film, qui ainsi reste en mémoire par tout petits morceaux. Le tout était prometteur (les critiques, les acteurs, le début du scénario), mais la mise en scène pas assez claire et le scénario poussif tuent un peu le film. Et c'est bien dommage.
45% de réussite.