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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 02:52

SUBMARINO

Thomas Vinterberg

 

 

3 étoiles

 

 

EN BREF: 

Une lutte fraternelle et fratricide qui démarre sur un souvenir d'enfance bouleversant. Le film, baigné d'une lumière magnifique et assez magique, est dur, âpre, froid, marquant, élégant. A voir absolument.

 

 

submarino

 

Thomas Vinterberg réalise une fable familiale dans laquelle deux frères sont en lutte avec leurs démons intérieurs et ne parviennent plus à communiquer après un drame vécu pendant l'enfance (drame raconté en début de film, plongé dans une lumière éblouissante mais magique, traumatisant effectivement). Durant tout le film, on suit les parcours de ces deux hommes noyé dans l'alcool pour l'un et défoncé au shoot pour l'autre. Et c'est effectivement (comme le disait ffred), très âpre, glauque et dur, mais lumineux et très très fort. Le film est baigné dans une lumière qui n'a de cesse de dissimuler des couleurs, le montage est vif et alerte, mais prend toujours le temps de laisser aux spectateurs une période de contemplation, la musique est déchirante et souvent en décalage avec l'action, et nos yeux sont subjugués par la beauté du traitement, la laideur et la cruauté du sujet. Les acteurs, très impliqués, sont tout simplement parfaits, seconds rôles comme premiers rôles. Et pourtant, Vinterberg arrive à tirer de cette histoire très dure une beauté, un échappatoire peu fiable mais bel et bien existant dans une dernière scène magnifique. Le film est très dur, à ne pas conseiller à tout le monde, mais les spectateurs un minimum sensible n'auront pas manqué d'être chamboulés par cette histoire dans une oeuvre peu commune, qui nous bouscule et nous dérange, qui nous éblouit. Festen, qui date de 98, était, à en lire des critiques, le premier et le seul film magnifique de Vinterberg. Je vais m'empresser de le voir, et comme ça j'en aurais vu deux!

submarino-affiche.jpg

 

74% de réussite.

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 02:19

POETRY

Lee Chang-Dong

 

3 étoiles

EN BREF: 

Des vers qui s'entrechoquent, des vers qui s'essayent, des vers qui riment avec la beauté propre aux plus beaux poèmes, des vers qui tantôt agacent, tantôt bouleversent, des vers qui en tout cas ne laissent pas indifférents, des vers qui subliment la femme, des vers qui lui rendent hommage, des vers qui ravivent la flamme. Poetry est un très beau poème.

poetry

 

Une femme se présente à nous, Mija, modeste et avec une vie pas franchement joyeuse: son petit-fils, qu'elle élève, est scotché à longueur de journée devant la télé, elle va faire le ménage chez un vieux riche un peu pervers. Pour égayer ses journées, elle décide de suivre un cours de poésie, qui l'amènera à écrire un poème. C'est donc un portrait de femme qui aura rapporté à son réalisateur, Lee Chang-Dong un étonnant prix du scénario à Cannes en mai dernier. Un portrait de femme asiatique qui s'inscrit dans la lignée des deux derniers portraits de femme asiatique de l'année, Lola (par le philippin Brillante Mendoza) et Mother (du sud-coréen Boon Jong-Ho). Il s'en rapproche à bien des égards: cette femme connait des déboires familiaux et cherche à racheter sa famille, à trouver un sens à sa vie. En tout cas, cette année, on aura pu se documenter sur la force de l'image de la femme, de la grand-mère, en Asie pacifique, et c'est vrai que, chacun à son égard, les trois films auront étés fort intéressants. Pour autant, chaque réalisateur a sa manière de filmer la femme: Brillante Mendoza offrait un film à l'ambiance saccadée, Boon Jong-Ho un film extrêmement difficile à l'ambiance plutôt thriller, et Lee Chang-Dong nous sert un film plutôt apaisé en tout cas dans son style.

 

 

Oeuvre sublime et pénétrante. Lee Chang-Dong pose un regard d'une grande profondeur sur l'humanité qui l'entoure, à travers l'itinéraire bouleversant d'une femme.

La Croix

 

Et si le film est apaisé, c'est en total contraste avec le destin de son personnage principal. Plus le film avance, plus la fatalité est proche, plus l'héroïne s'en prend plein la gueule. Elle apprend qu'elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer, et n'ose pas le dire, elle apprend que son petit-fils a participé à une tournante et qu'il est accusé de viol, et elle doit rembourser 5 millions de yuans à la mère de la violée qui s'est suicidée, 5 millions qu'elle ne peut pas trouver vu sa condition modeste. Plus le film avance, plus la « destination » du personnage semble évidente, et plus la beauté de ce même personnage de femme battante est éclatante. Yoon Jung-He, qui prête ses traits à ce personnage, est tout à fait extraordinaire. Les émotions passent dans son regard avec une belle et grande force, tour à tour perdu, ému, plein de joie (lorsqu'elle rencontre la mère de la violée et qu'elle en oublie le but de sa visite, attaquée par Alzheimer), curieux (lorsqu'elle suit ses cours de poésie)... Cette actrice porte à elle seule le film, et elle a une vraie présence, qui manquerait presque lorsqu'elle quitte l'écran.

 

Comme les plus grands poèmes, ce film nous laisse à jamais l'empreinte de sa bouleversante délicatesse.

Le parisien


Le début du film, pourtant, laissait perplexe. La réalisation était assez molle, on commençait déjà à s'ennuyer, les personnages étaient parfois assez mal taillés (on pensera au petit-fils, ou au riche qui profite des services de Mija, dont on ne comprend pas encore les implications dans l'histoire), l'absence de musique inquiétait (le silence va-t-il être de mise pendant tout le film). Et puis on se prend, à mesure que le film avance, à entrer peu à peu dans l'histoire. On est surtout emportés, d'abord, par cette femme, qui nous intrigue, et, mieux, nous impressionne. On écoute également avec attrait ces scènes de poésie, ou le club des amoureux de poésie récite devant un public conquis de la poésie, parfois avec gravité ou beauté, parfois avec ironie ou humour. On entend des sonorités dans cette belle langue (le coréen) qui nous est totalement étrangère. Problème: jusqu'ici, on n'est pas franchement ému.

 

Poetry filme avec beaucoup de tact le parcours des mots aux choses désignées, entre parole et bruissements du monde.

Cahiers du cinéma

 

La grande force de ce film, c'est de ne pas, justement, en faire trop dans l'émotion. Le scénario accable l'héroïne et les personnages du film, mais il se garde de culpabiliser le spectateur, il se garde de faire de son film un mélodrame indigeste. Au contraire, pendant quasiment tout le film, il crée une attente: le poème qu'aura composé Mija. Et à mesure que le personnage devient de plus en plus touchant et son lien à la vie, à la Terre, de plus en plus ténu, on comprend que le point d'orgue du film va être la lecture du poème. Ce qui nous amène à l'attendre d'autant plus. Et on n'est pas déçu: la dernière scène, pleine de symboles, de souvenirs, de beauté, est magnifique, et nous lâche en plein vol sur un très beau flot de rivière. On sort ému par cette dernière scène pleine de délicatesse, et pourtant très dure. On est séduit par ce qu'on pourrait appeler la beauté du geste, qui se matérialise par la constante beauté de la lumière, des cadres, des paysages et des symboles, jamais lourdauds. Depuis combien de temps n'avait-on pas lu un poème? Et depuis combien de temps attendait-on de voir un beau poème? Parce que Poetry, avant tout, c'est un beau poème, un poème qui restera longtemps dans les esprits.

poetry-4.jpg

68% de réussite.

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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 02:06

    

COUP DE BLUES

 

La conclusion bien faible d'une trilogie dont il ne faut retenir que le premier opus, un film totalement inutile et sans intérêt sur, à ce qu'il paraît, la jeunesse d'aujourd'hui et une « comédie » honteuse pleine de clichés sur l'interculturalité. Les trois films indigestes du mois d'octobre...

 

ARTHUR 3: LA GUERRE DES DEUX MONDES, de Luc Besson.

Arthur 3

 

1-etoile-bis.gif

 

40%

Après un très bon premier épisode qui nous introduisait dans le charmant monde des Minimoys, Luc Besson accouchait l'année dernière de son deuxième épisode, ridiculement vide et sans surprises, dont le contenu aurait pu être compilé à 20 minutes de film. Et puis surtout, le second opus se terminait par: A suivre...Et voilà qu'un an plus tard, on a la fin des épisodes d'Arthur. Et on espère sincèrement que ça va s'arrêter là. Première remarque: les deux derniers épisodes auraient facilement pu faire un seul film, qui plus est un film intéressant s'il avait été, en plus, retouché et réécrit dans sa totalité. Ensuite, on ne s'épandra pas longuement au sujet de ce film sans surprise et à peine distrayant, mais on dira juste que Besson se loupe sur toute la longueur du film. On se dit qu'on aurait aimé qu'il ne fasse qu'un seul opus, en l'occurrence le premier. Tout est raté: le son, pitoyable, qui saute aux oreilles, un mixage des voix digne d'un amateur (franchement, quand Malthazard, à voix très faible, demande à la foule de se taire, qu'elle se tait directement, et qu'il leur parle sur le même ton très faible, c'est risible), des décors dont on voit par trop l'artificialité, et surtout une horrible bande originale, qui atteint le summum du ridicule lors de ce dernier morceau (le fils de Malthazard, Darkos, fonde un groupe de rock, et c'est juste inécoutable).

 

  Et puis surtout, Besson déçoit fortement sur son scénario: quelle paresse, que de mettre à plusieurs reprises des raccourcis simplistes et remettant en cause l'entièreté de son histoire. Par exemple lorsque Arthur se souvient - bingo -, que son grand-père cache une fiole qui lui permettra de grandir, à la manière de Malthazard, pour lui permettre de revenir dans le monde des vivants, et de le combattre. S'il avait pensé à cette fiole avant, il aurait pu faire grandir tous ses amis et faire que chacun puisse vivre pénard, sans avoir cette question de « jamais je ne reverrai mes amis Bétamèche et Sélénia. Et puis, quelle imbécile cette Sélénia, que l'on voit s'évertuer à enlever du sol une épée dont on sait parfaitement que seul Arthur peut l'enlever. Bref, un scénario qui prend son public pour des cons. Et ainsi, si Besson nous donne une imagerie parfois rigolote (les scènes de train ou quand Malthazard marche dans la ville), et qui ne manquera pas d'amuser les enfants (le film ne devrait cependant pas les marquer tant il est vide et décousu), il nous donne tout de même le pire de son cinéma commercial et touche le fond en concluant une trilogie tombée de haut.

 

LA VIE AU RANCH, de Sophie Letourneur.

vie au ranch

 

1 étoile bis


36%

Les inrocks: « portrait aiguisé d'une bande de filles bien contemporaines par une jeune cinéaste douée ». Télérama: « le film se clôt sur une note plus douce, subtilement mélancolique, celle de l'âge de raison ». Libération: « miracle d'immédiateté et d'anodin jouissif ». Forcément, ces lectures donnent envie. Alors on y va, avec plaisir et comme a-priori une réalisation subtile et représentative d'une génération de meufs. Quelle déception, et quelle chienlit... Première réalisation d'une jeune femme, Sophie Letourneur, qui ne semble pas vouloir faire du cinéma classique: la caméra semble comme lâchée en pâture dans une jungle de mots anti-cinématographiques au possible, le son est criard et totalement confus, la mise en scène est invisible et tente de déconstruire le scénario. Le scénario, il ne semble pas y en avoir, tant l'envie de la réalisatrice était de laisser ses comédiennes jouer et improviser des scènes. Et voilà, le défaut du film est là: c'est tellement inintéressant qu'on décroche totalement, je n'ai pas eu un seul rire, si ce n'est un rire nerveux. Si ces jeunes filles, à en lire les critiques, représentent vraiment la génération d'aujourd'hui, on est pas dans la panade pour demain! Alors, peut-être, du haut de mes tout frais 18 ans, que je n'ai pas assez de recul pour apprécier la témérité et la frivolité de ces jeunes bourgeoises censées représenter la jeunesse, mais en tout cas, je ne vois pas du tout ça comme ça. Les jeunes semblent être ici des inconséquents à la botte de l'argent de leurs parents, des cerveaux disponibles uniquement pour les plans culs. Et à aucun moment, bien sur, il n'est question des grandes réflexions personnelles d'une jeunesse qui se recherche.

 

  Et c'est terriblement chiant, parce qu'on assiste totalement déconfits à un bal des égos qui cherche à déterminer qui va coucher avec qui, qui a la légitimité pour coucher avec untel, et qui veut venir au ranch (un appart parisien en colocation). Le film est extrêmement refermé sur lui-même, jamais drôle ni attachant tant il est moche. On aurait aimé pouvoir saluer l'incroyable naturel des comédiennes, mais le film est si médiocre qu'on préfère l'oublier et passer à autre chose.

 

IL RESTE DU JAMBON?, de Anne Depetrini.

jambon

 

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21%

Il m'est très rare de sortir aussi énervé d'une projection. Vous me direz, il n'y a absolument pas lieu ici de critiquer de mauvaises intentions. Effectivement, les intentions de la réalisatrice peuvent être, au départ, très bonnes: retransmettre sur grand écran un esprit canal avec le Ramzy de H, elle-même qui a présenté la météo loufoque il y a de ça quelques années, le co-scénariste qui se trouve être également co-auteur des Guignols sur la chaîne cryptée. Mais l'esprit potache de Canal n'est jamais au rendez-vous, Anne Depetrini essaye de se défaire de la bonne conscience anti-raciste, et, du coup, ne rachète jamais son scénario d'imbécilités racistes honteuses et de clichés dépassés et totalement irrespectueux du public et de ceux qui pourraient être les personnages du film.

 

  En fait, Il reste du jambon?, est un film prétentieux, lourd et méprisant. Prétentieux parce qu'il se croit tout permis: il déploie un arsenal de répliques toutes aussi débiles les unes que les autres. Pour autant, le film ne semble pas vouloir se racheter et, si le second degré est évidemment palpable, jamais de premier degré dans le film, ce qui fait que le film tombe dans tous les clichés les plus racistes, et, à force d'être antiraciste, devient raciste lui-même. Lourd, parce qu'on attend les rires enregistrés à chaque gag, que les rires ne viennent pas (chez certains, ils viennent, pas chez moi). Lourd également parce que sur un scénario sous-écrit, les comédiens en font 150 fois trop, et personne n'est crédible. Méprisant, parce qu'il assène tous les clichés (la mère arabe qui va à l'école, les délinquants des banlieues qui n'ont que de la gueule et qui sont de véritables couillons, les français qui écoutent de la musique classique et qui sont outrés par la diversité, et j'en passe et des meilleures) avec une supériorité légitime au début, puis de plus en plus inacceptable à mesure que le film avance: nous, Anne Depetrini et Ramzy, avons vécu ça pour de vrai. Et, forts de cette affirmation, ils se permettent d'en rajouter des paquets dans chaque scène, pour nous offrir des moments pitoyables et qui choquent, sans jamais pour autant rattraper les personnages.

 

Il faut dire que le scénario, s'il avait été mieux écrit, aurait pu se permettre ces multiples scènes. Mais en fait, il aurait fallu trouver des comédiens talentueux, un scénario de fou, une bande-originale qui fasse autre chose que de cacher le vide abyssal du film (à plusieurs reprises, elle cache des dialogues: on voit les personnages s'engueuler et se trémousser, mais sans rien dire puisqu'on entend la BO) et les énormes lacunes dans les dialogues. Sur Canal +, venue faire la promotion de son film dans Le Grand Journal, Depetrini disait que enfin, un film était fait sur ce sujet. Elle n'a pas du regarder bien souvent autour d'elle: son idée est tout sauf originale, des tas de drames et de comédies se sont intéressées (avec beaucoup plus de talent) à l'inter-culturalité dans le couple, dont, il y a 4 ans, une comédie très fine, très drôle et très bien interprétée, Mauvaise foi, le premier film de Roschdy Zem, autrement plus sensible et autrement plus intéressante. Ici, le dénouement est ridicule: dans une cour d'école, Anne Marivin en vient à s'excuser auprès de son cher et tendre. Quand on sait qu'il a une soeur qu'il ne veut plus voir parce qu'elle a accouché d'un bâtard, et que c'est pour ça qu'elle est partie, on est un peu « étonné » de voir que la réalisatrice se dépêtre si facilement de son scénario, très maladroit et sans l'once d'un moindre talent. Please, madame Depetrini, oubliez le cinéma!

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