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3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 04:11

THE SOCIAL NETWORK

David Fincher

 

Quatre étoiles

 

EN BREF:

L'incroyable start-up du plus gros réseau social mondial, Facebook, racontée avec vivacité. Un film totalement fascinant, un scénario foisonnant incroyable de fluidité, une interprétation juste parfaite. Bref, un film à côté duquel il serait dommage de passer.


Jesse Eisenberg, Brenda Song et Andrew Garfield. Sony Pictures Releasing France

 

On croyait que David Fincher allait s'atteler à raconter la naissance et l'avènement de Facebook, une des pièce maitresses du processus de déshumanisation de la société contemporaines. Mais Fincher choisit de raconter le parcours de celui qui a créé le réseau social, Mark Zuckerberg, brillant étudiant solitaire. Un soir après une conversation avec sa copine, qui le quitte, il décide de hacker le système informatique d'Harvard pour y puiser les photos de toutes les filles du campus, et créer un site de notation de ces filles, afin de déterminer qui est la plus canon. Avec ce site, il fait sauter le système informatique de l'université, et se fait approcher par des jumeaux riches et intéressés, qui lui proposent de créer le réseau social de l'école. Zuckerberg les devance et crée The Facebook, avec son associé, duquel il tirera les premiers fonds, Eduardo Saverin (Andrew Garfield, vu dans Boy A.). Il rencontrera plus tard le créateur de Napster, Sean Parker (joué par Justin Timberlake), beau salaud, qui l'amènera à « rompre » avec Eduardo Saverin. Il finira dans le film en procès avec les jumeaux, qui l'accuse d'avoir volé leur idée, et avec Saverin, qui réclame des sous pour dommages et intérêts.

 

En fait, The social network, c'est mieux qu'un film sur facebook, mieux qu'un biopic sur Zuckerberg, mieux qu'un manifeste netocrate. C'est le portrait fidèle, donc secrètement tragique, d'une époque qui croit avancer en appuyant sur F5.

Chronic'Art


On pouvait s'inquiéter de la réussite du film, qui avait tout de même les atouts parfaits pour nous donner envie: David Fincher et son casting. Et quand on sort de la séance et qu'on en tire un bilan, le meilleur de ce film, c'est son scénario. Le film est très écrit, on l'imagine, en tout cas extrêmement bavard, et les dialogues semblent être de plus en plus rapides. Mais c'est incroyable: plus le film avance, plus on est fascinés par les dialogues, plus on attend ce qui va se dite ensuite. Le scénariste, Aaron Sorkin, aurait été plus courtisé que David Fincher, lors de leur venue à Paris, pour les interviews. Et c'est fort compréhensible. La technique de ce scénariste pour aboutir à une telle maitrise de scénario: « je n'ai aucune méthode mais je prends des douches? Jusqu'à six ou huit par jour. Ce n'est pas un TOC: je prends une douche chaque fois que j'ai besoin de me relancer ». Ah, si seulement tous les scénaristes, par de simples douches, pouvaient être aussi performants!

 

C'est l'histoire d'une histoire qui est en train de s'écrire. Excitante et fascinante.

Elle


Ce qui passionne, donc, dans The social network, ce sont les rapports humains du créateur de Facebook. La vraie question que se pose en filigrane le film: Zuckerberg, par sa création, est-il plus heureux, mieux entouré? Le film insiste sur la raison qui a amené Zuckerberg à créer le réseau: son inaptitude à trouver une copine et sa jalousie face aux autres. Et finit par une belle conclusion: le héros, seul, à la fin, est-il changé, plus heureux qu'au départ? Peut-être (après tout ce n'est qu'un film), mais on en doute sérieusement, surtout quand on voit ce que peut créer facebook (voir dossier dans Les Inrocks, facebook créerait une vie de famille virtuelle, une attitude geek, une mise en scène du quotidien, une solitude ensemble, une désillusion quant à ses amis). Au final, on se fiche, dans le film, de la trajectoire du site en lui-même, on s'intéresse surtout à la trajectoire du type qui l'a inventé. Et il n'est pas antipathique, ni sympathique. Salaud, mais simple. Refermé sur lui-même mais insolent, décalé. Bref, on est passionné par l'ambiguïté que le film met en exergue avec beaucoup de talent.

 

Fincher et son scénariste Aaron Sorkin ont réussi un bijou d'écriture, tant dans la construction générale que dans le détail des dialogues.

Les inrockuptibles


Ambiguïté qui arrive à nos yeux grâce à la prestation de valeureux jeunes acteurs, impressionnants, surprenants et parfaits: Jesse Eisenberg, outre sa ressemblance physique au créateur, fait un Mark Zuckerberg plein de subtilités, de vivacité et de fragilité, Justin Timberlake se fait détester de manière très crédible et avec un plaisir communicatif, et le meilleur, le plus surprenant, Andrew Garfield, en associé du roi, d'une justesse incroyable. Ambiguïté également amenée par l'incroyable maitrise technique du réalisateur, qui sait happer son spectateur. Après une première scène au discours très rapide et assez incompréhensible dans le cadre d'un bar bruyant et chaleureux, on nous amène une deuxième scène très longue, celle du générique, on suit un garçon dans la nuit, sans savoir où il va, avec une musique électrique assez peu concordante avec l'aspect de la scène. Et plus le film avance, plus les scènes se suivent, plus on est fasciné par le film et par sa fluidité. Le film met bien en exergue cette ambiguïté en alternant, sans cesse, entre les scènes plutôt chaleureuses de création collective et de débat, ou encore des scènes dans des boîtes, ou les couples se font nombreux (scènes sans Mark Zuckerberg, qui lui donnent sa jalousie, il se sent mal dans ces soirées), et les scènes plus individuelles, très techniques (un vocabulaire informatique précis qu'a su saisir un scénariste qui, dit-il, n'y comprend pas grand-chose), ou on voit Zuckerberg créer son site. Et puis, ces scènes de procès, colonne vertébrale du film, qui aident à raconter l'histoire, mise en scène de manière très intelligente, parce que jamais trop précises, jamais trop explicatives. Fincher accorde toute leur importance aux petits regards assez cruels entre les différents protagonistes de l'affaire. Parfois résignés, parfois pleins d'espoir, parfois frondeurs, parfois tristes, ces regards résument un film fascinant et très précis, écrit avec une finesse incroyable. Un film foisonnant, un des must de l'année.

 

social-network-affiche.jpg

 

85% de réussite.

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