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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 21:57

festival d'hiver

 

LA COLLINE AUX COQUELICOTS

Goro Miyazaki

 

2 étoiles

 

EN BREF:

Une cuvée Ghibli 2012 moins bonne que d'habitude. Dans les dessins le charme est intact, dans le cadre la poésie est toujours aussi joliment présente. Dans le scénario, en revanche, on note des faiblesses et une certaine facilité.

 

la-colline-aux-coquelicots.jpg

 

On va voir un nouveau Ghibli comme certains vont à l'église. On voue une sorte de culte au créateur (Hayao Miyazaki), et on est loin de cracher sur les prêcheurs qui suivent (Isao Takahata, Goro Miyazaki et, nouveau venu, Hiromasa Yonebayashi). Seulement pour atteindre le niveau de poésie, de conscience et de beauté du maître, il faut en avoir sur les épaules. Et si Takahata se distingue nettement, si Hiromasa Yonebayashi, pour son premier film, créa la divine surprise, Miyazaki fils a lui un peu plus de mal à convaincre. Après un mitigé premier film, Les Contes de Terremer, voici donc une seconde réalisation, plus peaufinée que la première, qui tente visiblement de se démarquer de l'envahissant paternel (en l'ayant tout de même pour scénariste). Or si la poésie est belle et bien là, si la beauté des images est toujours aussi fascinante, l'histoire, elle, a un peu plus de mal à prendre que d'habitude, faute à une facilité des bons sentiments que l'on ne connaissait pas au Studio Ghibli.

 

Plus que les tribulations des jeunes personnages sans consistance, c'est [le] luxe de détails qui permet à "La Colline aux coquelicots" de passer l'écran.

Le Monde


Dans les années 60, une jeune fille, Umi, hisse chaque matin deux pavillons, en mémoire de son père, décédé sur un navire de guerre, en Corée. Comme pour lui répondre, un bâteau de pêche fait vibrer tous les jours sa sirène. Dans ce bâteau, accompagnant son père, un jeune garçon, Shun. Les deux jeunes vont au même lycée, lui est impliqué dans la vie estudiantine (peu avant les révoltes étudiantes, qui ont lieu au Japon entre 1965 et 1968), elle doit s'occuper de sa maisonnée, et n'a pas encore cette conscience d'engagement. A la suite d'un poème anonyme sur Umi paru dans le journal du Quartier Latin, les deux vont être amenés, par la force des choses, à se cotoyer. L'histoire est forte, le contexte social aussi (les débuts de la fronde étudiante, charnière passionnante). Les deux personnages, joliment dessinés, sont très attachants, et on entre sans aucune peine dans le film. Les prémisses amoureux sont perceptibles et doux, la poésie bien présente dans ces pavillons, hissés chaque matin dans une sorte de mémoire triste mais pleine d'espoir. Et le charme opère, très vite. La musique est étonnante, on a pas le souvenir d'avoir déjà entendu une vivacité aussi grande dans un Ghibli, la pop et les rythmes jazz cotoient ces éternelles chansons d'amour japonaises que l'on entend que dans ce contexte. Il y a un rythme, et on est subjugué.

 

Quand on sait que Goro Miyazaki est le fils de Hayao, (...) cette fascination pour tous les "héritages" n'étonne pas vraiment. Manquent seulement la folle poésie, les monstres et les merveilles des oeuvres de Miyazaki père. Pour le fils, c'est un "héritage" bien lourd à porter...

Télérama


Jusqu'à un certain point, tout parait crédible, l'épanouissement intellectuel et amoureux de la jeune fille fait plaisir à voir. On se laisse entraîner, même si manque la magie et la surnaturelle patte Ghibli. Pas un petit monstre, pas un personnage imaginaire, même pas une petite chapardeuse, "juste" des étudiants. Des étudiants qui discutent dans un formidable lieu, le Quartier Latin (nommé ainsi en écho aux révoltes étudiantes françaises de mai 68, aux dires du réalisateur), qui regroupe des jeunes gens qui parlent de philosophie, de littérature, d'astrologie, d'archéologie, qui écrivent un hebdomadaire militant et font vivre une communauté lycéenne. Un microcosme dépeint avec élégance et chaleur, un lieu qui se prête à des pérégrinations intellectuelles des plus variées, et une atmosphère intrigante, surement la plus intéressante du film. Et puis l'histoire d'amour patine un peu, lorsqu'un rebondissement fait que les deux jeunes sont du même père. Là, on est dubitatif sur l'issue que donnera Goro Miyazaki à son film. Si on est convaincu par sa faculté à dépeindre un univers social, des débuts de révolte, des gueules pas possibles, on se demande ce que viennent faire ici des bons sentiments que l'on croyait réservés aux mélos américains, ou du moins bannis du célèbre studio japonais. Les révélations qui suivent déçoivent, et on garde l'impression que le cinéaste s'est égaré un peu dans cette histoire d'amour d'abord attachante, puis trop simpliste. Jusqu'à la fin cependant, La colline aux coquelicots est un film très agréable à regarder, qui ne se dépare jamais de sa douce poésie, est même parfois saisissant et contemplatif (il n'y a qu'à voir cette émouvante fin), mais qui, sur un plan strictement Ghibli, déçoit un peu, faisant la part belle à des bons sentiments racontés avec maladresse par un cinéaste qui est encore loin d'atteindre les sommets de son père...

 

la-colline-aux-coquelicots-2.jpg

 

64%.

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