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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 15:53

Festival de printemps

 

UNE SEPARATION

Asghar Farhadi

 

3 étoiles

 

EN BREF:

Ce qui marque dans cette poignante séparation, c'est la puissance avec laquelle Farhadi parvient à faire passer ce qu'il a à dire, à démonter les préjugés qu'on pourrait avoir sur la société iranienne. Un film passionnant et déroutant.

 

Une-separation.jpg

 

En 2009, j'ai pu découvrir le cinéaste Asghar Farhadi, avec le film A propos d'Elly, déjà très fort, qui observait en filigrane et avec beaucoup de questionnements sans forcément de réponses la société iranienne. Après ce très beau souvenir, j'attendais cette séparation avec impatience, Lion d'Or à Berlin l'année dernière, de très bons premiers échos. A l'UGC CinéCité Les Halles, le réalisateur, accompagné de sa très belle comédienne Leïla Hatami, ainsi que de Babak Karimi, le juge dans le film, a donc défendu son oeuvre, et fait face à des questions forcément plus intéressantes que lorsqu'il s'agit de l'avant-première d'une comédie bien franchouillarde. On a parlé mensonges, justice, liberté, Panahi... Et Farhadi a pu prouver qu'il était, dans et en dehors de ses films, un cinéaste passionnant. Le sujet qu'il a choisi ici est assez simple au départ: un homme et une femme avec enfant se séparent, l'homme a besoin d'une aide humaine pour s'occuper de son père vieux et atteint d'Alzheimer, quasiment empêché de parler. Un jour, alors que l'homme revient chez lui, il découvre son père par terre, quasiment inerte. Il s'en prend alors à la femme de ménage – aide-soignante, enceinte, qui a du laisser le vieux père sans surveillance pour se rendre au médecin de manière urgente. La femme de ménage perd l'enfant qu'elle portait, le mari de celle-ci porte alors plainte, et le film raconte cela, la défense des deux partis devant un juge objectif.

 

Un film nerveux, presque animal, porté par une caméra qui ne tient pas en place mais qui, partout où elle se positionne, trouve le bon angle, la bonne vitesse, la bonne distance.

Libération


Pour passer à travers la censure tout en restant un cinéaste engagé et en faisant des films sur la société, Farhadi prend le contrepied de ses collègues emprisonnés ou interdits de filmer en Iran (on pensera à Jafar Panahi, Mohammad Rasoulof ou aux autres obligés de filmer clandestinement, tels Bahman Ghobadi), en ne donnant pas de réponses aux multiples questionnements qu'il ouvre. Cela s'avère être un formidable parti prix puisqu'il mise totalement sur l'intelligence du spectateur, qui devient ainsi un protagoniste du film, et n'est plus simplement un témoin de l'aberration humaine qui se déroule devant ses yeux. On n'est pas neutre, on prend parti, et on en change souvent. Ainsi, le cinéaste ouvre de nombreux sujets: la justice iranienne, la condition de la femme en Iran, la liberté de geste et d'action, la lutte des classes (il en recrée une sorte)... Et puis il s'intéresse à d'autre sujets, beaucoup plus larges et plus communs: les rapports hommes-femmes, la dignité, l'impact d'une séparation, l'éducation, le juste, le réel, le mensonge... Une séparation est un film extrêmement ouvert, chacun peut y trouver un morceau de réflexion, des pistes à ouvrir et à discuter. Cette histoire aurait pu se passer n'importe où, et pourtant on perçoit sans peine les conditionnements beaucoup plus importants d'une société qui, en un sens, semble se chercher continuellement. Plusieurs fois pendant le film, il est demandé aux personnages de jurer sur le Coran que ce qu'ils disent est vrai. C'est finalement dans cette question (jusqu'où va le mensonge, mentir est-il forcément mal?), que Farhadi trouve la cohérence de son film. On aurait pu croire que la multiplication des pistes de réflexion allait perdre l'oeuvre en un pensum lourd et trop complexe, et finalement c'est un panier, on en prend ce qu'on veut, et il reste tout de même ce fil rouge.

 

Prodige de ce film haletant, fascinant, d'une impressionnante puissance narrative, superbement interprété, ovationné et couronné lors du dernier festival de Berlin, qui illustre le précepte de Jean Renoir : chacun dans ce monde a ses raisons.

La Croix


Une séparation, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, est facile d'accès parce que le cinéaste sait nous prendre dans les mailles de son filet. Pas de musique, une tonalité parfaitement neutre, pas de fioritures, une entrée dans le vif du sujet, et des situations intrigantes. Et, presque par exaspération, le tout devient captivant, presque étouffant parce que l'issue devient impossible à démêler. Et jusqu'au bout, le cinéaste tient son audacieux parti prix: non, ce film n'est pas fait pour être terminé comme tous les films, le spectateur doit repartir avec quelque chose à penser. Et dans l'ère du pré-consommé, ça fait forcément du bien. A nous de démêler le vrai du faux, le bien du mal, le juste de l'injuste. Il n'y a rien pour nous « distraire », pas d'échappée belle ni de virtuosité technique, et pourtant on ne s'ennuie pas du tout, parce qu'il y a partout à voir, à apprendre et à juger. Les acteurs sont dirigés de telle sorte que la vérité humaine ressort toujours gagnante, et à aucun moment le film ne se départ de cette crédibilité là. La caméra semble toujours aux aguets, prête à accueillir la moindre solution, la moindre avancée, on a l'impression d'avancer avec elle. C'est comme cela qu'on s'attache aux personnages, presque par nécessité parce qu'on se sent enfermés et qu'on voudrait une issue juste pour tout le monde. A nos yeux, tous les protagonistes oscillent de salaud en saints, tous nous paraissent mentir pour défendre leurs intérêts, comme ils paraissent être sincères pour pouvoir s'en sortir. Jusqu'à la fin, le mystère plane, et lorsque les mélodieuses notes (première incursion du mélodieux dans le film) de piano se font entendre, la peine tombe, et on se rend forcément compte de la puissance du film. On se rend compte de l'exposé implacable de la violence contenue dans le film. La violence finit d'exploser, la séparation se met formellement en place, on se brise avec elle. Que va-t-il advenir de ces hommes et femmes qui se sont battus dans des luttes insondables mais humaines? Tant de vies brisées, pour quoi? Force de la réalité, spleen et espoir dans la même phrase: Une séparation est un film très, très fort!

 

Une séparation 2

 

75% de réussite.

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commentaires

V
Salut, moi j'ai une amie antillaise qui a perdu la vue progressivement du jour au lendemain tous les médecins qu'elle à pu voir étaient catégorique plus rien à faire et il n’y comprenait vraiment rien; Elle à rencontré un marabout qui lui à fait boire des tisanes et tout autres genre de choses, prières incantations etc... Il lui a dit qu'on lui avait jeté un sort et bien je vous jure qu'au jour d'aujourd'hui elle à entière recouvré la vue. <br /> Dans la création il n'y a pas que des humains. Il y a aussi les végétaux, les minéraux et animaux. Ainsi que tout représente une énergie. Les chiens sont particulièrement réceptifs. Il y en a de puissamment médiums. J'en ai un avec lequel il se passe des choses surprenantes. Lorsque je souffre il vient se mettre au point exact de ma douleur et pompe tout le mal. Il faut voir ça ! Alors si vous voulez vous pouvez aussi contacter ce Voyant Féticheur.<br /> NB: Mais méfiez vous des faux ... parce que J'ai été fais avoir, une personne soit disant ... je leur ai demandé de l'aide, et les gens profitent des gens qui sont en détresse pour avoir de l'argent.<br /> Dieu merci, je suis tombé sur ce sérieux Marabout voyant moustapha qui m'a beaucoup aidé.<br /> Voici son mail, contacter le, au cas vous avez des problème surtout problème de foyer, Amour affectifs, Retour définitif de l'être aimé, fidélité, problème de divorce, empêche la séparation, problèmes familiaux, même les cas les plus désespéré, crise conjugale, désenvoutement, protection contre les dangers, impuissance sexuelle, attraction de la clientèle, travail, examen, permis de conduire, union rapide.<br /> <br /> Mail : marabout.moustapha@consultant.com<br /> <br /> : marabout.moustapha@consultant.com<br /> Tel: +229 95 44 02 84
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C
<br /> J'en sors et je suis tout retourné : quel film ! Quelle maitrise ! Cela démarre lentement mais la deuxième partie est impressionnante. Un des meilleurs films de 2011 pour moi.<br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> Il arrive dans mon classement à la douzième place (sur 97 films vus jusque là). Mais il ne dépasse pas The tree of life! :)<br /> <br /> <br /> <br />

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