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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 00:11

festival d'été

 

HABEMUS PAPAM

Nanni Moretti

 

3 étoiles

 

EN BREF:

S'accompagnant d'une mordante ironie, Moretti raconte une fable drôle, décalée et réfléchie sur le mal-être d'un homme jeté dans l'arène. Ca pique, et ça fait mal, c'est efficace et surprenant.

 

habemus papam

 

Au Vatican, le conclave se réunit pour élire un nouveau pape. On rentre dans les arcanes théâtralisées du plus petit Etat au monde, avec pour guide un Moretti qui réinvente les traditions chrétiennes. On assiste aux réflexions personnelles des votants avant de mettre leur bulletin dans l'urne. Et Moretti nous gagne, le premier rire s'enclenche automatiquement face à ces cardinaux séniles, c'est dans la poche. Comment se retenir devant cette vision jouissive d'un lieu pas plus intelligent ni plus haut que les autres, face à ces cardinaux qui cachent leur copie, et face à ce brouhaha grandissant digne d'une cour d'école. Le pire, c'est que ça sonne réellement juste. A l'issue du vote, un cardinal, qu'on attendait pas du tout, est nommé, qui l'accepte d'abord avec des yeux écarquillés et sans vraiment réaliser l'ampleur de son rôle. On l'apprête à se montrer sur le balcon, devant lequel sont massés des milliers de gens, l'acclamant place St Pierre. Et, réalisant son impuissance face au tout-puissant, le pape lance un grand cri, déchirant, douloureux. Curiosité sur la place. Le pape, inconnu du grand public, veut réfléchir, et se retire. Viennent ensuite une tentative de psychanalyse (et comme chacun sait, la psychanalyse et la religion sont opposées), et le pape finit par s'enfuir, s'en allant chercher, dans les rues de Rome et au contact des gens, les raisons de son mal-être. Au Vatican, les cardinaux pensent que le pape est dans ses appartements, et attendent de pouvoir partir, une fois que le monde entier saura qui est le pape.

 

Une ode inspirée à la liberté individuelle, une réflexion mordante sur les aléas du pouvoir, une critique chronique de la psychanalyse, un composé très subtil de drôlerie et de mélancolie.

Marianne


Moretti fait de son histoire un gigantesque théâtre, ou les égos s'entrechoquent, ou les quiproquos sont nombreux, ou les retournements de situations n'en finissent plus. La confrontation religion-psychanalyse est mordante, avec Moretti en psychanalyste aiguisé, les cardinaux sont constamment infantilisés, ce qui les rend presque attachant, et la quête du nouveau pape est hautement théâtrale, sa fuite est mise en scène de manière quasiment outrancière. C'est ce qui plait dans ce film, l'originalité de son point de vue, qui en fait un objet à mi-chemin entre le réalisme (on comprend parfaitement les réactions de tous les personnages, et le tout est filmé dans des décors et des situations tout à fait vraisemblables) et la fable (on ne peut pas croire qu'on laisse filer ainsi un pape, ni qu'on envisage de telles solutions). Mais on marche, parce que le film nous emmène autre part, là où l'on aurait pas imaginé aller. Moretti sait rendre son objet jouissif, parce que d'une part il y a ce pape errant seul entre rencontres, expériences et ballades, face à des gens qui ne savent pas qui il est (il se dit acteur), et d'autre part il y a ces cardinaux qui font face au psychanalyste (la bonne idée de Moretti est d'avoir substitué à une psychanalyse de chaque personnage un tournoi de volley brillament mis en scène). Et puis, plus étonnant, c'est efficace, on ne s'ennuie pas du tout, et techniquement, c'est une agréable mise en image, très tournée vers l'ironie, le décalage entre ce que l'on perçoit et ce qui est montré. La seule chose sur laquelle Moretti rate son coup, c'est sur le rapport du pape au théâtre. En soi, c'est une excellente idée, mais sa mise en scène très théâtrale suffisait à la suggérer. Nul besoin n'était de souligner par cinq fois la propension du pape à se tourner vers les lieux, les textes et les acteurs de théâtre. On aurait pu se contenter du magique dialogue entre un fou et un autre fou, qui déclament du Tchekov dans les escaliers d'un hotel en pleine nuit, c'eût été plus percutant encore, et cela aurait marqué davantage la solitude du nouveau pape.

 

Une oeuvre riche aux multiples lectures, admirablement servie par son interprète principal. Impossible d'imaginer aujourd'hui un autre comédien prêtant ses traits à ce personnage forcément hors-norme. (...) On pourra bien trouver à "Habemus Papam" quelques longueurs en son milieu, vite rattrapées par de très belles idées de mise en scène, flirtant avec un léger onirisme très gracieux.

La Croix


Le cardinal élu est jeté ainsi dans l'arène, ou tous ses adversaires menacent, font peser sur lui une responsabilité immense. De cette arène, il trouve la faille, le moyen d'en sortir, pour réfléchir concrètement à ce qu'il souhaite faire. Le sublime Piccoli, de son regard d'enfant naïf et perdu, se réinvente, anime le pape qu'il incarne d'une réelle passion. Il montre le chemin d'un homme seul qui reprend goût, tout simplement, à la vie. Et pendant que les autres prient que son règne vienne, lui doute, et puise en lui ce courage, devant le Dieu qu'il vénère, de dire non. Non à une responsabilité qui le dépasse mais qu'il respecte, non à laisser partir sa propre vie pour jouer l'acteur jusqu'à la fin de ses jours. En faisant cela, il se sauve lui-même et donne du même coup un hypothétique nouveau souffle à l'église, qui ainsi se verrait obligée de se moderniser sur beaucoup de points. La fin est édifiante et particulièrement intelligente, un coup de tonnerre sur la place St Pierre, et un petit renouveau dans le cinéma italien.

 

habemus papam 2 

 

71% de réussite.

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